Le Portrait
Les circonstances ont fait que le dessin soit une constante dans ma vie. De plus, j’aime les défis et c’est peut-être pour cela et quelconque autre raison que je me consacre au portrait.
Le portrait tente de représenter une personne, et on l’identifie souvent à une photo. On arrive même à penser que, plus le portrait est ressemblant, meilleur il est. De mon point de vue, ce n’est pas son but, mais le début.
Un portrait, c’est plus, beaucoup plus. Une photo congèle seulement un instant de la vie d’une personne. Un portrait la résume et doit aussi refléter ses circonstances. Il est même possible qu’il ne corresponde jamais à une photo concrète, mais il doit nous transmettre beaucoup de la personne, jusqu’à arriver à connecter avec le spectateur de manière à ce que celui-ci se sente en face d’un être humain, et non de sa représentation.
Peut-être que par déformation professionnelle, je suis architecte, je tends à voir la forêt plutôt que les arbres, et ceci se transpose au moment de résoudre un tableau. Un portrait nait et se construit dans la tête. Mais, pour arriver à cela, il existe un premier processus intellectuel d’étude et de synthèse de la personne, puis un second processus mécanique, qui consiste en la réalisation physique du dessin.
Durant ce premier processus, c’est l’auteur qui prend le pari. C’est le moment auquel il doit décider quels aspects sont importants, et quels aspects doivent être obviés, comment il doit les transmettre au spectateur, il doit prendre en compte le point de vue, l’éclairage, l’ambiance, etc.
Puis, le travail consistant en le dessiner n’est que le résultat de transposer sur papier ce qui était déjà dans notre tête. Mais, pour que la main le transmette fidèlement à notre idée, il est fondamental de dominer la technique. Sinon, nos limiter conditionneront le résultat, quelque chose qui, même si cela n’arrive pas toujours, dans des cas flagrant peut invalider le résultat.
Durant le processus du dessin, il existe un point de non-retour à partir duquel le portrait commence à avoir une vie propre. Nous devons écouter ce qu’il nous “dit” pour savoir ce dont il a besoin et ce qu’il a en trop. C’est un équilibre entre ce que nous avons dans la tête et ce qui a déjà été transposé sur le papier, et, pour cela, il faut être attentif et critique, sinon, il est possible d’arriver dans un autre port, ou, pire encore, à aucun port.